J’aimerais vous partager ici en bref le contenu des premiers cours sur « L’universalisme chez Hans Urs von Balthasar », un cours que j’ai choisi librement de suivre (je ne suis même pas inscrit en fait) comme complément à mon parcours à l’ISL et pour lequel je m’investis beaucoup moins il va sans dire que mes autres cours de liturgie.
Le père Holzer a commencé par présenter les trois thèses qui sous-tendent la question de l’universalisme balthasarien.
1. Pour le théologien de Lucerne, les universalismes de la nature, de la grâce et du salut concordent en une synthèse christologique de l’incarnation ; une théologie de l’admirabile commercium dont le centre intégrateur (notion capitale chez Balthasar) est le Christ.
2. Cette forme d’intégration christologique de l’universalisme constitue le contre-point qu’il érige à l’encontre de toute forme de théologie libérale (protestante de l’époque) qui néglige le fait de l’incarnation et se construise sur l’unique fait de la foi.
3. Cette théologie de l’incarnation ne saurait être considérée comme un événement dû à la seule considération du péché dans lequel l’homme s’est enfermé. Balthasar récuse à cet effet le motif scotiste de l’incarnation dont on retrouve la résurgence jusque dans les christologies du XXe siècle (chez J.M. Garrigues par exemple). Pour Balthasar, seule une christologie qui renonce à comprendre le mystère de l’Homme-Dieu comme réponse extérieure à la chute, mais le situe comme cause finale dans le plan primitif de la création , peut concorder avec une philosophie autonome qui englobe le dessein de Dieu.
En conclusion, il affirmera de manière très philosophique que : « Si le Christ est l’Idée première concrète du Dieu qui crée, et par là même le but du monde, alors il doit être permis d’interroger jusque dans ses profondeurs la phrase ‘Une fois, et une fois pour toutes, l’être (Sein) était dans l’être-là (Dasein)’.
Au demeurant, le père Holzer nous fait bien voir que Balthasar ne fait que reprendre la position classique de saint Thomas sur l’universalisme christologique consécutive à l’incarnation : par l’incarnation, l’humanité est rendue conforme au Christ par nature, premier effet réel de celle-ci, mais qui est à distinguer du don de la grâce sanctifiante.
De ce point de vue, l’incarnation (universalisme christologique) conduit à postuler deux effets sur la nature humaine distincts en cela de la rédemption :
la restauration de l’intégrité ontologique de l’humanité, d’où les développements de Thomas sur la résurrection de la chair ainsi que l’envoi des grâces prévenantes qui ordonnent les hommes au Christ, dispositions éventuelles pour recevoir la grâce sanctifiante.
Dans le deuxième cours, nous nous sommes attardés sur la prise de distance de Balthasar face à l’apologétique dominante (et souvent à caractère très défensive) de son époque et qui trouve ses racines dans la théologie positive de Melcior Cano qui, en réponse aux contestations des réformateurs du XVIe siècle, cherchait à justifier la vérité du christianisme (catholique) à partir de preuves historiques. Les De Lubac, Balthasar, Rahner et compagnie s’en écarteront pour mettre (ou remettre) en valeur, sur le plan de la théologie fondamentale, la notion de révélation et le principe d’une intelligence de la foi et par la foi.
La semaine dernière enfin nous a été présentée la formation intellectuelle de Balthasar dont je vous épargne les méandres. Je note seulement sa période d’errance institutionnelle après son départ de la Compagnie de Jésus (en vue de la création de l’institut séculier de la communauté St-Jean avec Adrienne von Spyer), période qui fut pour lui particulièrement douloureuse. Il ne faut pas être un grand théologien pour reconnaître la prolixité littéraire de Balthasar. En fait, son œuvre écrite totaliserait près de 2000 titres, incluant bien évidemment ici les articles recensions de livres. Bien que Suisse de naissance, à l’instar de Hans Küng, les théologiens allemands ont néanmoins exercé sur sa pensée théologique une grande influence. Celle de Barth fut considérable, et à juste titre. À cet effet, on demandait un jour au pape Jean XXIII qui était le plus grands théologiens de son époque. Après un moment d’hésitation, le pape répondit : Karl Barth ! Ce à quoi Barth aurait répondu peu plus tard : « Je commence à croire en l’infaillibilité pontificale. Voilà pour le cours sur Balthasar.
Cet après-midi, je poursuivrai mes lectures sur Hameline en vue de mon exposé de séminaire. Je vous en reparlerai éventuellement.
Je ne sais si c’est en raison de ma prière d’intercession auprès de notre Père saint Benoît ou simplement à cause de la bonté de notre père abbé (un mélange des deux probablement), mais toujours est-il qu’il m’a offert d’assister à la dernière audience de Benoît XVI, mercredi 27 février. J’y avais déjà pensé, mais je n’aurais pas osé lui demander. La seule difficulté : trouver un endroit pour loger…J’ai contacté les frères Maristes : c’est plein. Même chose du côté d’un hébergement près de chez eux. Avec l’aide des frères de Ste-Marie, je tente maintenant ma chance du côté de St-Anselmo. Pour l’instant, ça augure bien, mais je suis toujours dans l’attente de la réponse qui elle-même déterminera l’achat de mes billets d’avion. D’autant plus que les tarifs et les horaires changent pratiquement à chaque heure…
Bonne dimanche de Carême à tous,
En Celui qui a vaincu le péché
Ad maiorem dei gloriam